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James Bond et le Dirigeant : « presque 007 » points communs – Episode 3

James Bond et le Dirigeant : « presque 007 » points communs – Episode 3

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Pour rappel, sans être un dirigeant lui-même, James Bond 007, le plus célèbre des agents secrets, a des points communs avec ce métier.

  • Il a un objectif clairement identifié (sauver le monde),
  • Comme un dirigeant, iI est soumis à une très forte pression : temps limité pour réussir, avec un minimum d’informations, dans un contexte hostile (ennemis intelligents, voire hyper-intelligents, pervers, puissants, excessivement bien organisés avec des équipements modernes et innovants),
  • Et enfin, il est seul.

Son succès depuis 60 ans et 25 missions, peut-il être une source d’inspiration pour le dirigeant ?

Dans les épisodes 1 et 2, nous avons analysé la relation de James Bond avec ses collaborateurs, son comportement dans l‘action et ses concurrents. Nous allons maintenant terminer cet article en nous intéressant à l’être humain.

L’Humain

La gestion des faiblesses de James Bond

007 est loin d’être parfait et doit compter avec ses faiblesses. Celles-ci sont bien connues, y compris de ses ennemis : les femmes, l’alcool, le jeu, le tabac.

Ce n’est pas un hasard si, pour sa première apparition dans la saga, James Bond est dans un cercle de jeu (les Ambassadeurs). Il y joue au Chemin de fer1 contre Sylvia Trench, qu’il séduit. 007 allume une cigarette2 et se présente « Bond, James Bond » en réponse à la question de son adversaire « J’admire votre chance, Monsieur … ? ». Il ne manque que le Vodka Martini.

De toutes ces faiblesses, les femmes sont la plus dangereuse. Elles sont une cause de ses échecs, du moins dans la première partie de la mission.

  • Ainsi, Bond pense séduire Miranda Frost3. Mais elle retirera les balles de son Walther P99 et il manquera de se faire abattre par elle dans le QG de Graves (Meurs un autre jour) ;
  • Dans le pré-générique de L’espion qui m’aimait, il est très affairé avec une belle blonde dans un chalet. Elle le retient et prévient de son départ le commando d’agents russes venu le tuer. Manifestement, James n’était pas alerté et ne doit son salut qu’à un saut exceptionnel en parachute à l’effigie de l’Union Jack ;
  • Dans Au service secret de Sa Majesté, il est au Piz Gloria « déguisé » en Sir Hillary Bray, généalogiste. Mais il ne peut s’empêcher de séduire deux « Anges de la mort », Ruby Bartlett, l’ange anglais, et Nancy, l’ange hongrois… Ce qui le fera démasquer par Irma Bunt4, la femme de main de Blofeld, à cause de ses déplacements nocturnes.

Si James Bond identifie bien qu’il peut s’agir d’un piège, l’attitude à tenir est complexe et il n’y réussit pas toujours. Le double-jeu n’est pas la situation où il excelle.

  • L’espion sait que Fiona Volpe5, qu’il découvre prenant un bain dans sa salle de bain, est une ennemie. Il croit qu’elle est dupe, mais c’est elle qui le menace de son arme après leurs échanges au lit (Opération Tonnerre) ;
  • James Bond a bien identifié Xenia Onatopp6 comme ennemie et tueuse. Mais ça ne l’empêche pas d’accepter d’avoir des relations physiques avec elle dans les thermes de Saint-Pétersbourg, en prenant le risque de mourir écrasé entre ses cuisses. En fin de compte, il renversera la situation mais après un combat épique, nus (GoldenEye)

Cependant, la séduction est aussi une des armes de James Bond

Pour exemple, Bond séduit Pola Ivanova7, agent secret russe. Il arrive ainsi à intercepter la cassette audio sur laquelle elle a enregistré une conversation de Zorin avec son responsable pétrolier (Dangereusement vôtre).

Et dans Rien que pour vos yeux, il se laisse séduire par la Comtesse Lisl von Schlaf8, maîtresse de Milos Columbo, qui est l’ennemi potentiel à ce moment du film9. Elle est chargée par ce dernier de lui extirper des informations. Elle sera assassinée à la suite de leurs effusions, sans que James Bond arrive à obtenir des informations. C’est Columbo qui les lui donnera, à son initiative. 

Autres faiblesses de James Bond : le jeu et l’alcool

Sa passion du jeu10 lui permet de rentrer en contact avec l’ennemi. Mais on sent bien qu’il aime affronter le méchant et le tenir en échec. Quitte à créer une situation plus tendue que nécessaire.

  • Ainsi, dans Opération Tonnerre, il affronte Largo, et se dévoile ;
  • Et au début de Casino Royale, il humilie Dimitrios en lui gagnant sa voiture au poker. Avant de séduire sa femme, Solange.

A noter que sa hiérarchie utilise sa passion pour la mission de Casino Royale.

L’alcool n’est jamais un problème pour les cinq premiers interprètes. Il le devient avec Daniel Craig, mais lorsqu’il n’est plus agent en activité (Skyfall). Sinon, il est plutôt un stimulus.

A plusieurs reprises, 007 dit à M qu’il connaît bien ses faiblesses (Goldfinger, Opération Tonnerre, Meurs un autre jour, Skyfall). Cependant, contrairement à ce qu’il pense, il n’est pas simple de les gérer.

Les scènes où James Bond est en difficulté à cause de ses faiblesses nous rappellent qu’il est nécessaire de bien se connaître et de nous méfier de nous autant que de l’ennemi.

Il nous faut accepter nos émotions mais sans les laisser nous dominer et nous affaiblir. Il faut les retourner pour en faire des atouts.

Cependant, ce sont ses faiblesses qui rendent 007 humain. Elles nous rassurent sur le fait qu’il n’est pas nécessaire d’être un super-héros avec des supers-pouvoirs pour vaincre. 

Dans les derniers opus interprétés par Daniel Craig, les états d’âme d’humain vulnérable sont beaucoup plus mis en avant, comme pour défendre le message que l’homme gagne, y compris dans le monde actuel ultrasophistiqué et déshumanisé, grâce ou malgré sa condition.    

Se détendre

Toutes les scènes finales sont identiques11. James profite du repos du guerrier avec la James Bond girl qui l’a aidé à sauver le monde en éliminant le méchant. Ils sont allongés, peu vêtus, et boivent du champagne12

Mais 007 sait aussi saisir les occasions en cours de mission pour se détendre. Et pas toujours avec une finalité de collecte d’informations ou de retournement d’ennemi comme vu précédemment.

  • Au début de Goldfinger, il séduit Jill Masterson qu’il a rencontrée sur le balcon de la suite d’Auric Goldfinger. C’est de là qu’elle aide ce dernier à tricher au gin rami à l’aide de jumelles. Elle « l’estime », mais la soirée « caviar beluga – Dom Pérignon 53 » se terminera fatalement pour elle. Elle sera retrouvée morte étouffée et intégralement recouverte de peinture dorée ;
  • Dans Opération Tonnerre, après avoir failli mourir sur la table d’étirement poussée à son maximum par le comte Lippe (N° 4 de Spectre), il séduit la kiné qui avait pourtant bien résisté à ses avances jusqu’alors.

A noter que dans ces moments, il peut aussi utiliser ses gadgets. Par exemple, c’est grâce au champ magnétique de sa montre qu’il ouvre la fermeture éclair de la robe de l’agent italien, Mademoiselle Caruso. (Vivre et laisser mourir). 

007 est un hédoniste

La détente, pour 007, ce sont les plaisirs de la chair et de la table. Il est amateur et connaisseur. Ainsi, il est capable de reconnaitre l’origine d’un caviar et pas seulement son espèce13 ou l’année de la récolte d’origine du sherry14. Et il est précis sur ses goûts en champagne15 et cognac16 et, bien sûr, la préparation de son Vodka Martini, « shaken not stirred ». Sa connaissance en grands vins est plus modeste (Château Mouton-Rothschild dans Les diamants sont éternels et Château Angélus dans Casino Royal). Il lui arrive aussi de tester d’autres boissons et spiritueux17.

Le caractère hédoniste est moins mis en avant dans les derniers opus18. James Bond boit aussi pour oublier son mal-être, et pas uniquement pour profiter des plaisirs de la vie.

Le méchant est aussi souvent un amateur de grands vins et de grands plats. Mais il ne donne jamais l’impression d’y prendre un plaisir physique. Il s’agit surtout d’un plaisir d’ego, d’affirmation de sa supériorité. Le méchant n’est jamais joyeux.

Ces moments et cette posture expriment qu’il ne faut pas oublier la convivialité dans le business et les relations professionnelles.

Le business ne peut pas se limiter à des relations mécaniques entre organisations efficientes. Même si les relations doivent demeurer professionnelles, elles le sont entre êtres humains qui doivent le rester et s’apprécier.

Cependant, James devient fragile et faillible quand les relations ne sont pas uniquement ludiques et cantonnées à un cadre professionnel et qu’elles deviennent affectives :

  • Tracy, Au service secret de Sa majesté,
  • Vesper Lynd, Casino Royale,
  • Madelaine Swann, Spectre,
  • Sans parler de la scène de Mourir peut attendre où il « joue » l’humiliation devant Safin qui tient dans ses bras sa fille, Mathilde, répétant cinq fois « je vous demande pardon », pour saisir son pistolet et le tuer et le rate.

Il y aurait donc un risque à franchir le seuil de l’intimité dans le cadre du business.

Comment interpréter l’évolution des scènes finales du James Bond de Daniel Craig qui ne sont plus dédiées au plaisir et la détente ?

  • A la fin de Casino Royale, il retrouve Mr White et veut savoir qui est le responsable de la mort de Vesper ;
  • Pour clore Quantum of Solace, il retrouve l’ «amour » de Vesper (Yusef Kabira), se « venge » hors écran (sans le tuer) et confirme à M, présente à l’extérieur, qu’il est toujours actif ;
  • Dans Skyfall, il hérite du bulldog anglais en porcelaine de M19 et rentre dans le bureau du nouveau M (Mallory) pour continuer à servir ;
  • La dernière scène du Spectre le montre partant avec Madelaine Swann et il semble plutôt en posture « fin de service » que « toujours actif ». 

Les trois premiers films, présentent un James Bond toujours fidèle au poste, quoi qu’il se soit passé auparavant et ce, malgré les difficultés rencontrées. Une posture qui parle au dirigeant. Le final de Spectre représente la retraite bien méritée en fin de carrière et Mourir peut attendre, l’échec inéluctable si vous n’êtes plus vraiment vous-même20.

En conclusion de cette analyse

Les raisons du succès de James Bond sont : 

  • Dès le début de la mission, il est concentré sur l’objectif (identification du méchant et de son dessein) ; 
  • Après le 1er échec, notamment parce qu’il agit seul et en négligeant ses faiblesses, il fait équipe avec, au moins, une James Bond girl ;
  • Dans l’action, il saisit toutes les opportunités, en innovant avec des gadgets qu’il n’hésite pas à détourner de leur fonction première, en ayant aussi recours aux vieilles méthodes ;
  • Comme le méchant est trop convaincu de sa supériorité, il néglige les détails et délègue à ses collaborateurs une tâche essentielle : l’élimination de 007 ;
  • Il prend le temps de récupérer entre deux actions ;
  • Quand il a identifié la menace, son seul objectif est de la détruire, directement, sans prendre des voies détournées et complexes. Seul le résultat compte à ce moment : en effet, peu importe la manière, il faut être efficace.

Le Dirigeant peut s’en inspirer en :

  • Définissant l’objectif 21;
  • Etant conscient que la solitude est un danger majeur qui ne mène qu’à l’échec ;
  • Constituant une équipe qui partage les mêmes valeurs, de talents complémentaires qui connaissent l’objectif et s’adaptent aux circonstances, à qui il délègue dans l’action mais tout en contrôlant tout ce qui est vital pour la réussite, et dont il reste attentif à la satisfaction des attentes22 ;
  • Connaissant le mieux possible le marché, en exploitant tous les moyens (légaux) à sa disposition, y compris les collaborateurs de la concurrence qui pourraient ne pas être satisfaits de leur condition ;
  • Etant opportuniste, innovant, réactif et imaginatif dans l‘action, en n’oubliant jamais l’objectif23 ;
  • N’oubliant jamais l’humain.  

James Bond n’est pas un dirigeant, mais tout Dirigeant a du James Bond 007 en lui.

James Bond will return in… Mourir peut attendre. Ce dernier opus avec Daniel Craig réunit-il lui aussi les presque « 007 » points communs avec le Dirigeant ? Découvrez-le ici.

Laurent Fonnet

👉 Retrouvez ici les tableaux récapitulatifs des films, avec les « méchants », les James Bond Girls, les menaces

👉 Sources

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Notes

1 Forme de jeu de baccara

2 Le 1er cadre de la saga est sur son visage, en smoking, avec porte-cigarettes et briquet ST-Dupont

3 Officiellement agent du MI6, mais elle est un agent double pour le compte de Gustav Graves. Cela lui a permis d’être médaillée olympique d’escrime (son attente la plus chère) en éliminant sa rivale par overdose

4 Ilse Steppat

5 Luciana Paluzzi

6 Famke Janssen

7 Fiona Fullerton

8 Cassandra Harris était la femme de Piece Brosnan à l’époque. Mais il ne deviendra James Bond que quatorze ans plus tard

9 Dans la suite du film, il devient l’allié de James

10 La scène au casino, autour de la table de baccarat ou de poker, dans les derniers opus, fait partie des codes

11 Sauf avec Daniel Craig, ce qui est, peut-être, signifiant d’une époque plus triste, moins conviviale. Dans ces films, soit il réaffirme son engagement, soit il quitte le service…

12 Sauf si les circonstances les en empêchent (au milieu de l’océan…)

13 Beluga royal, nord de la Caspienne (Au service secret de Sa Majesté)

14 Chez Sir Donald Munger : « un fin Solera peu commun, 51… 1851, on ne peut s’y tromper » (Les diamants sont éternels)

15 Dom Pérignon avec Sean Connery et Georges Lazenby, Bollinger depuis Roger Moore

16 Chez le Colonel Smithers, Gouverneur de la Banque d’Angleterre, « un assemblage peu commun » (Goldfinger). Hennessy 5 étoiles « commandé » au Saint-Bernard qui l’accueille à la fin de la poursuite en bobsleigh contre Blofeld (Au service secret de Sa Majesté)

17 Bien sûr, l’effet placement de produit ne nous a pas échappé. Il lui est même arrivé de boire de la bière (Heineken, Skyfall) 

18Daniel Craig

19 Symbole de Winston Churchill

20Le fait d’être père et en charge d’une enfant en situation de danger transforme son regard sur les situations et ses décisions. Il fait passer en priorité la vie de Madelaine et Mathilde, sans oublier sa mission. Mais mourir est un échec car il ne pourra plus jamais leur être utile, même à distance.

21 A ne pas confondre avec la stratégie. La stratégie définit l’approche pour atteindre l’objectif. James n’a pas vraiment de stratégie formalisée, il connaît les 1ères étapes à franchir puis il s’adapte dans le respect des valeurs et de son savoir-faire

22 L’équipe partage la même culture (valeurs + comportement) ce qui la rend adaptable à toute situation en restant cohérente

23 C’est l’objectif qui est vital, pas le respect de la stratégie

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